18 novembre 2015

Pesticides, l'horizon se rétrécit...



Tout dépend de la dose... En effet... mais cette étude démontre encore une fois les dangers des pesticides...

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"Parkinson et pesticides : tout dépend de la dose
 
La maladie de Parkinson est la cause la plus fréquente de syndrome parkinsonien, et constitue la deuxième maladie neurodégénérative après la maladie d'Alzheimer.

Plusieurs études cas-témoins et un plus petit nombre d'études de cohorte mettent en évidence un lien entre exposition aux pesticides et syndromes parkinsoniens. Une méta-analyse récente rapporte une augmentation du risque de 60 %. Cette association serait liée principalement aux herbicides et insecticides. Il existe cependant peu de données sur les effets quantitatifs de l'exposition tels qu'une relation effet-dose, l'impact de la durée et de l'intensité de l'exposition.
Un travail collaboratif impliquant des chercheurs de l'Inserm, de l'université Pierre et Marie Curie de Paris et la Mutualité Sociale Agricole (MSA) a tenté de répondre à ces questions.
Une étude cas témoins auprès des agriculteurs français
Une étude cas-contrôle française menée auprès des affiliés de la MSA, âgés de 18 ans ou plus  dans 5 départements (Charente-Maritime, Côte-d'Or, Gironde, Haute-Vienne, Mayenne), a cherché à déterminer les caractéristiques de l'utilisation des pesticides associés avec la maladie de Parkinson (relations dose-effet, grandes classes des pesticides, type d'agriculture), et si l'association est similaire en fonction des sous-types cliniques.
Les auteurs ont identifié sur une période d'un an (2007) les personnes ayant consommé au moins un médicament pouvant être utilisé pour traiter la maladie de Parkinson et ont recueilli auprès de ces personnes des informations cliniques afin de déterminer si elles étaient effectivement atteintes de la maladie de Parkinson. Pour chaque cas, deux sujets contrôles ont été sélectionnés au hasard parmi les membres MSA qui n'utilisaient pas de traitement anti-parkinsonien et appariés en fonction de l'âge, du sexe et du lieu de résidence. Les syndromes parkinsoniens étaient classés en 4 sous-types cliniques : début précoce avant 55 ans, tremblements dominants, tremblements non dominants, autres. Un questionnaire professionnel complet, a permis de préciser les indicateurs relatifs à l'exposition aux pesticides (durée, l'exposition cumulative, intensité).
Parmi les 298 hommes recensés remplissant les critères d'inclusion 83 % ont accepté de participer à l'étude dont 193 porteurs d'une maladie de Parkinson, 77 % étant agriculteurs. Sur les 384 cas contrôle appariés 82 % étaient agriculteurs. Dans les 2 groupes l'utilisation de pesticides avait commencé le plus souvent à l'adolescence (âge médian 17 ans) pour une durée médiane de 39 ans. Il s’agissait le plus souvent d’herbicides (88 %), suivis par les insecticides et les fongicides tous essentiellement utilisés pour les cultures.
Les viticulteurs, particulièrement menacés
Le risque de maladie de Parkinson est multiplié par un facteur deux chez les participants situés dans le quartile supérieur concernant la dose totale de pesticides à laquelle ils ont été exposés (Odds ratio [OR] = 2,31; intervalle de confiance à 95 % [IC à 95 %] : 1,09 - 4,90; p = 0,01) et le nombre moyen d'applications par an (OR = 2,68 ; IC à 95 % : 1,21 - 5,93;  p = 0,04). Aucune association n'a été observée avec la durée.
Une interaction significative (p = 0,04) est observée entre la durée et l'intensité. Les agriculteurs avec une exposition de longue durée et de forte intensité ont le risque le plus élevé (OR = 3,08 ; IC à 95 % : 1.51, 6.27).
L'analyse en fonction du type des pesticides montre une augmentation significative du risque de maladie de Parkinson avec un effet-dose pour les insecticides (OR 2,04). Pour les fongicides il existe un lien à la fois pour l'intensité et la durée. Les résultats montrent également un effet-dose indépendant et synergique pour les insecticides et les fongicides. On ne retrouve pas de lien avec les herbicides.
Comparativement au groupe contrôle, le nombre de cas de maladie de Parkinson est significativement plus élevé chez les agriculteurs spécialisés dans la vigne (34 % vs. 25 % ; OR = 2,56 ; IC à 95 % : 1,31- 4,98). Dans ces exploitations, l'intensité et la durée d'utilisation des pesticides sont significativement associées à l'augmentation de risque de cette maladie. On ne trouve pas d'augmentation du risque pour les autres types d'agriculture (céréaliers-éleveurs, polyculture).
Surtout des formes à « tremblements dominants »
La moitié des cas étaient des « tremblements dominants », 44 % des tremblements non-dominants, 5 % un diagnostic précoce et 2 % d'autres types.
Le risque de maladie de Parkinson à tremblement prédominant augmente significativement avec l'augmentation de l'intensité de l'exposition aux pesticides (OR 4,13 dans le quartile supérieur).
L'association avec l'intensité de l'utilisation des pesticides était plus forte,
 mais pas de manière significative (p = 0,60 - hétérogénéité), pour les formes à tremblements dominant (p < 0,01) que pour celles à tremblements non dominants  (p = 0,24).
Il s'agit de la première étude s'intéressant à l'association entre les différents types d'exposition aux pesticides et le risque de maladie de Parkinson. Elle a le mérite d’être une étude de population avec un fort taux d'acceptabilité et une confirmation du diagnostic par un neurologue. Cependant elle présente aussi des faiblesses telles que l'analyse rétrospective de l'exposition et le fait de n’avoir porté que sur des hommes.
Dans cette étude cas-témoin basée sur la population d'agriculteurs de sexe masculin, les pesticides, les fongicides et les insecticides étaient indépendamment associés au risque de maladie de Parkinson, mais il n'y avait pas d'association avec les herbicides. Les associations les plus fortes ont été observées pour les agriculteurs avec une exposition fréquente sur une longue période de temps. L'association la plus importante concerne la forme clinique avec tremblements prédominants, forme la plus fréquente de la maladie de Parkinson.

Dr Maryvonne Pierre-Nicolas
Références
 Moisan F et coll. : Association of Parkinson’s Disease and Its Subtypes with Agricultural
Pesticide Exposures in Men : A Case–Control Study in France. Environ Health Perspect., 2015; 123: 1123. DOI:10.1289/ehp.1307970  "

 http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/parkinson_et_pesticides_tout_depend_de_la_dose__155424/document_actu_med.phtml (abonnement)



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